«L'allongement du délai légal de l'IVG, de 10 à 12 semaines, est-il susceptible d'entraîner des dérives "eugéniques", en raison des progrès de l'imagerie médicale?» C'est sur la demande pressante des groupes de l'opposition que les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat avaient posé la question au Comité consultatif national d'éthique (CCNE) en octobre. La droite avait sauté à pieds joints sur les déclarations du professeur Nisand, hostile à l'idée que les femmes pourraient décider seules d'une IVG après dix semaines de grossesse.
Dérive. Les uns et l'autre sont servis: «Le risque d'une dérive eugénique ne paraît pas fondé», estime le CCNE dans son avis rendu public hier. «Peut être qualifiée d'eugénique toute pratique collective institutionnalisée qui vise à favoriser l'apparition de certains caractères ou à en éliminer d'autres jugés négatifs. L'IVG ne répond à aucun de ces critères. Une pratique qui se limite à faire droit à des demandes individuelles ne relève donc pas de l'eugénisme.» Cependant, le Comité observe que les performances accrues des examens de dépistage prénatal peuvent donner lieu, en cas d'annonce d'un risque ou de découverte d'un handicap grave, à des interruptions de grossesse. «Mais aucune étude statistique ou épidémiologique ne montre que le nombre d'IVG ait augmenté en raison de la découverte d'anomalie. Il convient pourtant de rester vigilant.» Sans citer le professeur Nisand, mais reprenant ses arguments selon lesquels la connaissance par l