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Libération
Interview

«Pour les jeunes, le ramadan est une affirmation de soi».

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Selon Farhad Khosrokhavar, sociologue, ils s'écartent de la tradition.
publié le 28 novembre 2000 à 7h10

Hier débutait la période du ramadan, «mois sacré» de jeûne pour les musulmans. Sociologue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, spécialiste de l’islam, Farhad Khosrokhavar, auteur en 1997 de l’Islam des jeunes paru chez Flammarion, analyse cette pratique chez les jeunes, entre continuité et modernité.

On observe que de plus en plus de jeunes issus de l'immigration font le ramadan.

C'est une réalité. Il n'y a pas, à ma connaissance, de données quantitatives, mais on le voit sur le terrain: dans des quartiers en banlieue, quand les rues se vident lors du ramadan, ou à l'école dans les cantines. Les jeunes observent beaucoup plus le ramadan qu'il y a cinq ou six ans. Mais cette observance est différente de celle des parents. Les jeunes prennent des libertés avec le rituel. Leurs parents se conformaient à un modèle légué par le passé d'avant l'immigration. Maintenant, il y a beaucoup plus de liberté. Certains jeunes font le ramadan, mais ne font pas les prières, ce qui n'est pas reconnu par l'islam orthodoxe, d'autres font les prières, mais jeûnent alternativement, un jour sur deux par exemple. Un troisième groupe fait semblant de jeûner: publiquement ils ne mangent rien mais, en catimini, ils peuvent boire de l'eau, sans considérer que ça contrevient au règlement.

On peut parler d'un ramadan moderne?

Oui, et d'un ramadan à la française. Car ces jeunes évacuent de ce rite le sens religieux. Il y a aussi un côté festif très laïc. Le ramadan est l'occasion pour eux d'affir