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Libération

Prurit puritain à Abbeville autour du «Grand Cahier».

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Un prof poursuivi par des parents à cause d'un livre.
publié le 28 novembre 2000 à 7h11

Pour montrer à ses élèves de troisième comment la littérature peut dire la guerre, un jeune professeur de lettres avait choisi le Grand Cahier, de la romancière hongroise Agota Kristof. Quinze ans après sa publication, l'oeuvre est un «classique» (lire encadré). Mais à Abbeville, plusieurs parents d'élèves du collège Millevoye l'ont jugée «pornographique». Ils ont déposé une plainte. Et cette plainte a été prise très au sérieux par le procureur de la République et plus encore par le commissaire de police.

Scènes litigieuses. Vendredi, le jeune prof sort du collège escorté par trois policiers. On l'interroge pendant cinq heures, on perquisitionne à son domicile à la recherche d'indices susceptibles de confirmer que l'on a bien affaire, comme le soupçonnent les plaignants, à un enseignant moralement douteux. Les policiers ne ménagent pas leur peine et vont jusqu'à téléphoner, le soir, aux parents d'élèves pour récupérer, comme autant de pièces à conviction, les scandaleux livres de poche. Mais le suspect a dû être relâché: les fins limiers du commissariat d'Abbeville n'ont visiblement pas trouvé grand-chose. Si ce n'est, peut-être, qu'Agota Kristof a reçu le prix du livre Inter et qu'il existe plusieurs adaptations théâtrales de son Grand Cahier.

Hier, l'Education nationale s'efforçait de dédramatiser, tandis que le procureur d'Abbeville Patrick Steinmetz justifiait la procédure: «Les poursuites interviennent dans le cadre de la législation sur la protection des mineurs. Une inf