Dans la salle d'attente, rien ne distingue les «substitués» des autres malades de Martine Dary, médecin à Paris. Nicolas, jeune homme encravaté, attend sa prescription de Subutex. Louise aussi, venue avec son bébé. Dans son bureau, Martine a les yeux qui écoutent, les gestes qui examinent. Et les mots qui rassurent. Sinon, le Subutex ne serait qu'un produit de plus pour ces habitués des produits. Ce qu'ils viennent chercher chez Martine «c'est le facteur personnel», explique Nicolas.
Secret. Ce jour-là, ce grand gaillard nerveux de 25 ans a des frissons dans la gorge. «Je me suis mis sous antibiotiques, un Clamoxyl une fois par jour», annonce-t-il. «Mais tu fais 80 kilos, c'est pas la bonne dose, si tu veux t'autoprescrire, fais-le bien», ironise le médecin. A 17 ans, Nicolas fait du «biz (ness) de shit» au lycée. Un copain lui «démystifie» l'héroïne. Commencent des années de «lignes et d'hallus» en «quantités faramineuses». Nicolas, dont les parents, professeur et cadre, sont divorcés, dérive de Rennes à Montpellier. «Il y avait des centres spécialisés, mais je m'y suis toujours refusé. Un toxicomane revend toujours une partie de ses produits dans l'illégalité et on se dit que, dans ces institutions, on sera repéré, surveillé, étiqueté.» Il y a deux ans, Nicolas arrête l'héroïne seul, fait le tour des généralistes. Avec eux, «tu te fonds dans la masse et il y a le secret professionnel».
Reste à trouver le bon. «Je me retrouvais face à un médecin mal à l'aise. Il avait un pati