«Le marché de l'art est comme la vache: quelquefois il devient fou.» Me Paul Lombard, défenseur du galeriste Jacques Melki, qui comparaît depuis huit jours pour banqueroute devant le tribunal correctionnel de Paris, résume le contexte délirant de la débâcle de son client, qui a laissé en 1993 un trou de 340 millions de francs. Le procureur a réclamé contre lui et neuf cadres bancaires des peines de dix mois à trois ans de prison, partiellement ou totalement assorties de sursis. Le procès s'est clos mardi soir dans un beau déballage, chacun se rejetant la responsabilité de cette fraude gigantesque, qui s'est prolongée sur des années.
«Pas le profil». Manifestement, les banquiers ne se trouvent pas à leur place dans le box des accusés. Une ancienne chargée de clientèle est au bord de la crise de nerfs. Crispés, certains cadres sont venus avec femme et enfants. Une avocate, Me Isabelle Waligora, fait valoir l'argument d'innocence du costume-cravate: «Regardez mon client, il n'a pas le profil! Il n'est pas à la place des délinquants.» Un de ses confrères avertit le tribunal de la portée d'une condamnation: «C'est vrai: les banques devraient prêter uniquement aux entreprises qui n'ont pas de difficultés. Mais alors, pourquoi une entreprise sans difficultés emprunterait-elle? Aller trop loin dans ce raisonnement serait remettre en cause l'économie.»
oeuvres en suisse. En attendant, les banquiers chargent l'accusé principal, soulignant qu'il s'est largement servi dans cette débâcle.