«Après trois années de restructuration, la banque Pallas-Stern envisage l'année 1995 avec confiance, dans une situation aujourd'hui assainie et compte tenu des succès déjà enregistrés dans l'ensemble de ses métiers.» Le 30 juin 1995, un mois après ce communiqué plein d'espoir, Pallas-Stern déposait le bilan. C'est la plus importante faillite bancaire de cette fin de siècle. Durant ce court laps de temps, des pigeons (FR3, la SNCF, la Sacem...) ont déposé 900 millions de francs dans les coffres de la banque. Ses dirigeants et commissaires aux comptes sont renvoyés à partir d'aujourd'hui devant le tribunal correctionnel pour «diffusion d'informations fausses ou trompeuses». Parmi les onze prévenus, l'emblématique Gérard Eskenazi. Viré de Paribas en 1981, pour avoir tenté de soustraire à la privatisation des actifs planqués en Suisse, il avait refait surface en reprenant la banque Pallas, puis la banque Stern. Incarcéré au cours de l'instruction, Eskenazi aura du mal à se remettre de cette affaire-là.
L'ordonnance de renvoi du juge Jean-Pierre Zanoto, qui a instruit le dossier Pallas-Stern durant quatre ans, est un invraisemblable catalogue des différentes combines comptables permettant de glisser la poussière sous le tapis. Toutes ne sont pas illégales, certaines sont seulement amusantes. Comme cette «double convention de portage» entre Pallas-Stern et le Crédit Lyonnais, les deux éclopés s'épaulant mutuellement pour enjoliver leurs bilans respectifs: je te vend des immeubles e