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Libération
Reportage

Dossiers à la chaîne et approximations.

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Récit de la journée d'un avocat commis d'office au palais de justice.
publié le 2 décembre 2000 à 7h24

Mercredi 10 h 30, sous-sol du palais de justice de Paris, permanence pénale. Deux avocats commis d'office attendent leur première fournée de clients inconnus. Des hommes et des femmes qui ont passé la nuit en garde à vue, qui ont transité par le dépôt attenant ­ les cellules du palais ­ avant d'être interrogés par un magistrat du parquet, celui qui décide des poursuites. D'un moment à l'autre, le premier prévenu va franchir l'une des six portes capitonnées qui donnent accès aux bureaux des parquetiers et qui se découpent sur le mur de gauche. Une porte, un banc vide; une porte, un banc vide... En face, une rangée de box aux portes vitrées pour le tête-à-tête entre l'avocat et son client.

Volontariat. Willy, un jeune Antillais, débarque dans ce hall jaunâtre aux lumières plombantes. L'un des deux gendarmes qui l'encadrent le libère de ses menottes à laisse, au moment où il pénètre dans le box tenu par Me Mohamed Laribi. Après avoir exercé à Alger, Me Laribi s'est inscrit au barreau de Paris il y a cinq ans; il fait partie des 600 volontaires pour les commissions d'office (sur quelque 15 000 avocats parisiens). Le gendarme pose un dossier sur la table, se retire.

A lieu austère, présentations sommaires. L'avocat se lance dans une lecture à haute voix de l'état civil du prévenu et compulse le dossier, à la recherche d'éventuels vices de procédure. Quand on a peu de temps à consacrer à une affaire, l'idéal est de trouver un bug qui permette d'annuler le tout. Interpellé à 9 h 35 l