Une petite provocation. Devant le Conseil des quinze ministres de l'Intérieur et de la Justice réuni à Bruxelles, le commissaire européen chargé de ces questions, le Portugais Antonio Vitorino, s'est permis de bousculer le débat sur la politique d'immigration. Il présentait vendredi officiellement les propositions déjà approuvées le 22 novembre par la Commission. Selon Vitorino, «le moment est venu d'ouvrir un nouveau chapitre dans la façon de traiter le phénomène global de l'immigration». Une manière de placer les Etats face à leurs responsabilités.
Démographie. Pour lui, les politiques d'immigration zéro qui prévalent depuis trois décennies «ne sont plus adaptées». Pourquoi? L'Europe vieillit et commence à s'inquiéter de ce «recul démographique». Déjà, en mars, un rapport de la division population de l'ONU avait fait grand bruit quand il avait avancé que seul l'apport de l'immigration pourrait combler à terme les déficits de population en Occident.
Parallèlement, certains secteurs de l'économie connaissent une pénurie de main-d'oeuvre et gagneraient à recruter hors des frontières nationales. Pour le commissaire européen, aucun doute: «Il est grand temps d'envisager la politique en matière d'immigration sous un nouveau jour.»
Que propose-t-il? D'abord que les Etats membres de l'Union européenne sortent leurs calculettes. Qu'ils évaluent leurs besoins économiques et définissent leur politique d'admission d'étrangers en fonction de cet état des lieux. Il s'agira, ensuite, de met