Ceux de Rennes cherchent leur bannière, ceux de Nîmes, leur bâtonnier. Place Vendôme, Cartier, Rolex, Reza, le Ritz ont baissé leur rideau de fer. En robe noire, plus de 5 000 avocats, venus de tous les barreaux de France, manifestaient vendredi à Paris. De l'Opéra au ministère de la Justice, un itinéraire court mais prestigieux. «Sous la robe, la misère» et «L'AJ m'a tuer», proclament deux banderoles. AJ comme aide juridictionnelle, les indemnités «minables» versées par l'Etat aux avocats des démunis.
En tête marchent les ténors, une belle brochette d'anciens bâtonniers de Paris et d'avocats célèbres. Derrière, c'est l'étendard «Conférence des bâtonniers» et celui du «Syndicat des avocats de France», dont les porte-parole préviennent: «Attention, nous, c'est toute la France!» Devant la chancellerie, des greffiers les attendent. Eux aussi ont manifesté pour une revalorisation de leur salaire. Les avocats diffusent des tracts: «Les avocats manifestent pour l'accès égal de tous au droit et à la justice.» Et, sous une petite pluie, ils patientent devant le ministère. Bravache, la garde des Sceaux rentre à son bureau à pied, vers 14 h 30, escortée par la délégation qu'elle doit recevoir.
Et ça chauffe. Les CRS et les gendarmes mobiles empêchent les manifestants d'enfoncer les barrières de sécurité. Le Val-d'Oise, Strasbourg et les Bretons tentent une percée sur la gauche, comme Lyon de l'autre côté. Il y a des injures, quelques coups. Un avocat montre une petite coupure au doigt: