Quand les Pascolini ont débarqué à Saint-Cyprien, petit village de Dordogne, tous leur auraient donné le bon Dieu sans confession. Le père, Jean-Charles, 65 ans, et le fils, Jean-Pierre, 35 ans, se présentaient en sauveurs d'Auguste-Cyprien, PME de plats cuisinés haut de gamme. Avec eux, Felice Di Sanza, un homme d'affaire italo-américain, disait vouloir développer le marché du foie gras aux Etats-Unis. Leur groupe, Partner's Corp, rachète la société en juillet 1998. Cypriotes, élus locaux et salariés les accueillent à bras ouverts. Dix mois leur suffiront pour vider les stocks, creuser un trou de plus de 15 millions de francs, salir la marque avec une affaire de produits trafiqués et intégrer l'entreprise dans un réseau international de blanchiment d'argent.
«Beaux parleurs». Les enquêteurs, qui ont découvert leurs trucages, n'ont «jamais vu ça»: pour ce genre d'affaires, les «professionnels» choisissent des créneaux plus classiques, des pizzérias ou des blanchisseries, qui masquent facilement un néant d'activités. Là, il s'agit d'un secteur agroalimentaire au-dessus de tout soupçon. Malgré quelques difficultés passées, la marque Auguste-Cyprien jouit d'une bonne réputation et la reprise de ses produits gastronomiques donne une carte de visite honnête. Après le rachat, un jeu de capitalisations successives permet de démultiplier la valeur réelle de la société périgourdine dans les actifs de la Partner's Corp, le groupe luxembourgeois acheteur, et de Monarch