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Libération

Mohamed, terroriste sur Photomaton.

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publié le 7 décembre 2000 à 7h37

Lille correspondance

C'est un photomaton un peu flou, pris en 1983 dans la gare de Lille. Mohamed Bilem, 17 ans, pose avec Omar, son cousin du bled. Souvenir d'ado, les vacances sont finies. Omar est rentré à Rouiba, près d'Alger, avec la photo. Mohamed est retourné dans son quartier des Biscottes, à Lille-Sud. Les deux jeunes se perdent de vue. Quelques années plus tard, à Rouiba, Omar rejoint les rangs du Front islamique du salut (FIS). A Lille, Mohamed a oublié la photo. Il n'aurait pas dû: dix-sept ans plus tard, à cause d'elle, il a fêté ses 34 ans à la prison El Harrach d'Alger. Depuis le 11 octobre, il attend d'être jugé pour terrorisme, détention d'arme et tentative d'assassinat. Il est incarcéré dans la même cellule que dix-huit islamistes. Il parle très peu l'arabe. Il peut se laver et se changer une fois par mois. Il risque la peine de mort. La photo a dormi dix ans dans un tiroir, chez Omar. Jusqu'au jour où, à Rouiba, un groupe armé tire sur le général retraité Kamel Abderrahim. Devant l'usine qu'il dirige, il est blessé à l'abdomen, au thorax et aux jambes. La balle destinée à la tête est déviée par la barre des lunettes. Transféré dans un hôpital parisien, il s'en sort.

Dans les montagnes, Omar a pris la tête d'un groupe armé. Il est recherché. A Lille-Sud, Mohamed traîne, deale du shit, dort jusqu'à midi, fait la fête le soir. A Rouiba, la gendarmerie interroge les témoins de l'attentat. Omar est mis hors de cause, mais sa maison est fouillée. La photo découver