Menu
Libération

Assistant socialement incorrect

Article réservé aux abonnés
Cadre à la Poste et menacé de licenciement, Médard a tenté de s'immoler.
publié le 8 décembre 2000 à 7h42

Laon, envoyé spécial.

Il a voulu se tuer parce qu'on ne voulait pas l'entendre. Lundi 27 novembre, Médard Mounguengui rejoint son boulot d'assistant social à la poste de Laon, dans l'Aisne. Il travaille là depuis deux ans, chez le premier employeur du département. Il veut parler au directeur, s'expliquer. Car la Poste veut le virer. Une procédure de licenciement pour insuffisance professionnelle lui pend au nez. Depuis quatre jours, il ne dort plus. Avec les enfants, il fait semblant de manger. Sur le chemin, Médard s'arrête à la station-service pour remplir un jerrycan d'essence. Arrivé dans la cour de la direction départementale, sur le plateau de Laon, il demande à être reçu par le directeur. Fixe un ultimatum d'une heure.

En vain. Il appelle ses collègues du syndicat CGT: «Puisqu'ils veulent se débarrasser de moi, ils vont se débarrasser de moi dans un feu de joie.» Ne voyant rien venir, Médard vide le jerrycan dans la voiture. «Il était dans un état second», explique un syndicaliste présent. Il ne voit plus rien, n'entend pas ce qu'on lui dit, tient des propos incohérents. Il cherche ses allumettes. Les vapeurs d'essence lui montent à la tête. Les pompiers arrivent, discutent, parviennent à lui faire baisser sa vitre. L'un d'eux crie: «Vous avez quand même des enfants?» Médard en a deux. Il se débat. Les pompiers le ceinturent. Direction l'hôpital.

Soutien et pétition. Deux jours plus tard, dans la cour de la direction, il reste une boîte écrasée et des allumettes éparpill