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Libération

Dans le maïs, le corps d'Arjan et peu d'indices.

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Un village de la Somme bouleversé par le meurtre d'un Albanais marié à une femme du pays.
publié le 8 décembre 2000 à 7h41

Nibas (Somme) envoyé spécial

«Ils l'ont tiré par les pieds, dans le maïs.» Guy Avisse s'allonge dans la terre graisseuse, piquée de silex, pour montrer l'empreinte du corps en partie décomposé qu'il a découvert dans sa parcelle, le 2 septembre. Quand on vient lui dire maintenant que le type venu mourir ici, entre Saint-Blimont et Nibas dans le Vimeu profond, venait d'Albanie, qu'il a été poignardé par deux compatriotes, depuis interpellés ­ le 30 novembre ­, mis en examen pour homicide volontaire et écroués à la maison d'arrêt d'Amiens, cela le fait quand même un peu frémir.

Cette histoire a fini par le secouer. «J'ai passé une journée avec les gendarmes, puis il y a eu les légistes, ensuite l'hélicoptère sur mon champ. Puis les gendarmes sont revenus me demander quand est-ce que j'allais récolter. J'ai battu à la mi-novembre, il y avait bien deux chevreuils trappés dans le maïs, mais pas d'autre corps; par contre, j'ai bien vu un sac de plastique noir, mais j'étais sur la machine et avant que je débraye, il a été avalé.» Les dernières preuves de la mort d'Arjan Dregjoni, présumé assassiné par des compatriotes, ont sans doute fini dans l'ensilage de Guy Avisse.

Sépulture. Les analyses ADN menées depuis au laboratoire de la police judiciaire de Lille ont démontré qu'il s'agissait d'Arjan Dregjoni, 23 ans. Reste maintenant à lui trouver une sépulture décente. En effet, sa dépouille a été enterrée sous X dans un caveau de la commune, le 9 septembre. C'est le juge d'Abbeville Didie