Amiens correspondance
Sylvie connaît bien Hélène D. Les deux jeunes femmes s'étaient rencontrées dans une barre, «les 200 logements», située plus au sud d'Abbeville. Et l'an dernier, elles se sont retrouvées. Hélène au 40 de la rue du Moulin-du-Four, Sylvie au 42, chacune habite une maisonnette HLM. «On avait un code: chaque matin après avoir conduit mes enfants à l'école des Platanes, je toquais au volet, on partageait une tasse de café sur l'appui de fenêtre.» Toit de tuile rouge, façades bleu pâle, entourage des fenêtres dessiné en orange, la rue étire en arc parfait ses petits bonheurs de maisonnettes pour jeunes couples, entre supermarché, garage et McDo. «Nous sommes là depuis un an, les cyprès n'ont pas encore trop poussé, on se faisait un signe de la main par-dessus la haie, bonjour bonsoir, pas plus», explique un autre voisin, qui faisait garder son gosse par Hélène. «Une vraie nounou.»
Mercredi dernier, lorsque Sylvie va toquer aux volets, la rue a changé. «Quand j'ai vu le Samu, j'ai demandé aux pompiers si Hélène allait s'en sortir. L'un m'a dit "ce sera difficile". J'ai pleuré. Je n'aurais jamais pu imaginer que ma voisine venait de tuer ses deux enfants.»
Alerte. Hélène D., 26 ans, dixième enfant d'une famille de six frères et six soeurs, souffre depuis une quinzaine d'années d'un diabète chronique. La maladie lui a été révélée après une chute de vélo lorsqu'elle avait 10 ans. «Elle faisait face. Trois piqûres quotidiennes, explique Hervé, l'un de ses frères. Mais