C'était l'homme à tout faire. Celui qui préparait les repas pour les internes, lavait les malades en soins palliatifs, nettoyait leurs plaies. A la morgue, il recousait les cadavres, faisait des prélèvements sanguins. Pour 3 000 F par mois, pendant huit ans, au centre hospitalier de Senlis (Oise). En avril, pour son soixantième anniversaire, Michel Trouvain a été mis à la retraite d'office, sans solde de tout compte, mais avec une hépatite C. «On l'a détectée en 1994, je l'ai forcément contractée dans le cadre de mon boulot. Je n'étais absolument pas formé à ce que je faisais, je ne prenais aucune précaution particulière et on ne m'a pas jamais proposé de vaccination» (1).
Il était employé en CES (contrat emploi-solidarité) pour faire le ménage et les menus travaux que son état de santé lui permettait. Car Michel est handicapé à 80 %, depuis un accident de voiture en 1961. «Les formations, les vaccinations, c'est pour les aides soignants et les infirmiers, pas pour moi.» Peu importe. «Le personnel était débordé. Alors j'ai fait le tour des services. A la morgue, je recousais la bouche des cadavres, j'effectuais les prélèvements sanguins pour les autopsies. On m'a simplement expliqué pendant trois jours comment il fallait faire.» Loin d'une formation académique dans un centre médico-légal.
Lorsque son hépatite est détectée par le médecin du travail, Michel se renseigne pour savoir si la maladie n'avait pas été contractée avant son emploi du moment. A l'hôpital de Saint-Lô où il