L'hallali a sonné pour les farines et les graisses animales, mais il reste à connaître les lieux où elles seront stockées avant d'être incinérées. «Une vingtaine de rectangles, et autant de sites de stockage opérationnels: vous pouvez prendre le téléphone pour trouver les noms des communes.» C'est avec cette curieuse invitation à la chasse au trésor que le préfet Jean-Paul Proust, chargé par Lionel Jospin de coordonner l'élimination de ces produits, a dévoilé vendredi la carte de la vingtaine d'emplacements de stockage aujourd'hui répertoriés par les préfets. Au lieu du nom de la commune, les cartes distribuées par l'administration comportent de gros rectangles recouvrant la quasi-totalité des départements concernés. Pour une seule commune retenue dans les Pyrénées-Atlantiques, c'est l'intégralité du département qui est recouverte. Une stratégie à mi-chemin entre le classique black-out et un étrange jeu de piste. Certes, le préfet a sans doute agi de la sorte par crainte de réactions locales, mais, en laissant le soin au citoyen de jouer au détective, il risque de déclencher l'affolement. Lui qui avertissait que «derrière ces produits mis au ban se joue quelque chose de passionnel, d'irrationnel et de difficilement contrôlable». Cette stratégie dilatoire s'inscrit ainsi dans l'exact contre-champ du credo de transparence, pourtant martelé depuis le début de la crise. «Nous souhaitons travailler de manière très ouverte», a-t-il répété.
Et pourtant, les pouvoirs publics ont pris