Le changement est radical. La garde des Sceaux, Marylise Lebranchu, était invitée samedi au congrès du Syndicat de la magistrature (SM). La différence avec Elisabeth Guigou saute aux yeux. Sa manière de faire, d'abord. Un débat avec une salle critique, sans le discours fleuve affectionné par Guigou, qui ne laissait aucune place à la réplique. Sa volonté de transparence, aussi: «Je considère que les rapports doivent être rendus publics pour que le débat s'instaure.» Un vrai virage comparé au quasi-secret-défense qui frappait, avant, les travaux de la chancellerie.
«Effets pervers». Enfin et surtout, une véritable discordance sur les idées. Anne Crenier, la présidente du SM, a interpellé la ministre de la Justice sur le traitement en temps réel des infractions (TTR), qui consiste à réduire le plus possible le délai entre le délit commis et la punition. Un principe «largement encouragé par votre prédécesseur» et dont «les effets pervers sont largement supérieurs aux bénéfices escomptés». Le TTR, en effet, aboutit à ces audiences de comparution immédiate surchargées, avec «des juges qui n'ont plus le niveau de vigilance requis». Plus généralement, le TTR «privilégie la poursuite des délits de voie publique, la délinquance visible, au détriment des formes de délinquance plus complexes et plus graves». Ce système vanté par Elisabeth Guigou , Marylise Lebranchu ne l'apprécie guère: «Vous avez raison. Je suis profondément choquée par ces audiences qui se terminent très tard, où le