Il y a les suspicieux qui posent des questions, les convaincus qui se régalent et les opportunistes qui déjeunent à l'oeil. Tous sont assis sous les tentes dressées au milieu du jardin du Luxembourg à Paris ce dimanche. Certains convives de ce pique-nique bavardent avec les bouchers, les autres se jettent sur les plats de viande, portés par les apprentis qui font la navette entre les tablées et les broches. Une charolaise, une blonde d'Aquitaine et une limousine finissent d'y rôtir: 1,6 tonne de viande de boeuf, gratuite. L'événement, organisé par la fédération de la boucherie d'Ile-de-France, a attiré plus de 2000 personnes. «On est là pour faire savoir qu'on fait correctement notre boulot, qu'on vend de la bonne viande, clame son président, Bernard Mehret. Et qu'on ne mérite pas la baisse de 50 % de notre chiffre d'affaires depuis un mois.» Ses adhérents sont en tenue et s'activent, comme Bernard Reynaud, chargé de découper les kilos de rumsteck qu'un collègue pose devant lui. «Avec cette affaire d'ESB, les gens vont s'apercevoir de la différence entre des steaks vendus 50 F en grande surface et 100 F chez un boucher. On en a peut-être fini avec notre réputation d'arnaqueurs.»
Tiroir-caisse et Mercedes. Marie-Annick n'est pas vraiment de cet avis et pousse son mari. «Il a été restaurateur pendant quatorze ans. Alors, les bouchers, il connaît. Dis-leur, Alain.» Alain est venu visiter Paris avec sa femme et son Caméscope. Et il n'a pas envie de polémiquer. Alors c'est elle qu