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Libération

«On n'a le droit de vendre ni du shit, ni de l'écorce pour du shit».

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publié le 11 décembre 2000 à 7h46

Tribunal correctionnel

de Bordeaux

Un immense Christ en croix surplombe les juges, et pose son regard désolé sur trois jeunes prévenus. «On vous reproche un vol avec violences d'une valeur de 400 F, lit vite la présidente, la victime est là? Monsieur Tran, approchez.» C'est un lycéen. «Vous parlez français?» demande la juge. Elle continue: «Alors, nous avons un achat de shit, ou plutôt un bout d'écorce d'arbre qu'on fait passer pour du shit. C'est vraiment très bien!» Le jeune Tran assure: «Je n'avais pas de shit sur moi!» La présidente le reprend: «Certes, mais vous vouliez en acheter.» L'acheteur se plaint: «Ils m'ont pris mes 400F!» Et la juge raille: «Avez-vous eu du shit? Non? Et de l'écorce?» La victime réclame son argent, arraché dans la bagarre. «Faites très attention, monsieur, prévient la juge, un acheteur de shit est en infraction, et montrer ses billets est très bête! Alors il vous faut un peu de plomb dans la tête!» Christophe lève la main: «Madame, il est venu nous voir pour du shit, on n'avait rien demandé, alors on a gratté l'écorce!» La juge secoue la tête: «C'est déjà une tromperie, on n'a le droit ni de vendre du shit, ni de faire passer de l'écorce pour du shit!» L'avocat se gratte la tête: «Excusez-moi, mais de quoi sont-ils prévenus? Pas de vente de drogue, quand même?» Il sourit: «Tel est pris qui croyait prendre, ils se promènent et sont importunés par cette personne.» Travail d'intérêt général pour tous et 400 F à la victime.

Trois autres jeunes entrent