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Libération

Guyane: dans le sillage de l'or, du mercure et des crimes

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Un rapport inquiétant à été remis hier à Lionel Jospin.
publié le 15 décembre 2000 à 8h07

Minuit, dans le bourg de Maripasoula. On n'entend guère que les rires avinés de quelques ouvriers orpailleurs et des prostituées brésiliennes. Soudain, une rafale de fusil-mitrailleur. Depuis quelques mois, les habitants de cette petite bourgade de Guyane française se sont habitués à entendre parler la poudre. Lundi, c'est encore un innocent qui est tombé. Une Amérindienne Wayana. Victime des tensions grandissantes qui planent sur le fleuve. Et toujours revient le même coupable: l'or. Cette fois, c'est un petit patron orpailleur qui vient de régler ses comptes avec des ouvriers brésiliens, probablement clandestins. Il a pris sa Kalachnikov et a tiré au hasard. Ces raids de représailles dans le plus grand des départements français se succèdent depuis des mois. Fin novembre, au moins deux morts après un assaut sur un site aurifère à cinq heures de pirogue de Maripasoula: une cuisinière surinamienne, un assaillant brésilien. Le bruit circule qu'un troisième homme a été retrouvé en forêt, décapité et éviscéré. Et que ce sont les Wayanas qui se sont vengés. Les gendarmes affirment qu'ils ne sont pas au courant. Sur le fleuve Maroni, l'autre valeur sûre c'est la rumeur.

Barges clandestines. La décennie 90 a vu renaître l'activité aurifère en Guyane, léthargique depuis son apogée au début du siècle. Les pouvoirs publics confient alors au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) une prospection aéromagnétique du territoire. Le bilan est encourageant: de l'or de surface, et