Ségolène Royal a présenté hier son projet de réforme de l'accouchement sous X. Il crée une brèche timide dans le dogme du secret, sans satisfaire ni les adoptants ni les adoptés. Pourquoi la levée du secret sur l'origine des enfants adoptés fait-elle si peur au législateur? Pourquoi s'entoure-t-on de tant de précautions? La réponse officielle est qu'il faut protéger la vie privée des mères, éviter les infanticides en leur laissant la possibilité d'«oublier» cet enfant. Plusieurs spécialistes de l'adoption émettent une hypothèse politiquement moins correcte. «Selon certains auteurs, la levée du secret permettrait de savoir pourquoi l'enfant a été abandonné», écrit Emmanuelle Lapeyre dans l'ouvrage collectif Parents de sang, parents adoptifs (1). «On constaterait peut-être qu'il avait en réalité une famille et qu'avec une aide appropriée matérielle ou psychologique il aurait pu rester au sein de celle-ci. En fin de compte, la levée du secret risque de faire apparaître ce que personne ne veut regarder en face: un transfert volontaire d'enfants de milieux très défavorisés vers des milieux plus favorisés.»
Refus administratif. Depuis la loi de 1978 (relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés), toute personne qui en fait la demande a le droit de consulter les documents à caractère nominatif la concernant. Mais l'administration peut opposer un refus quand la divulgation de ces documents porte atteinte aux secrets protégés par la loi. L'adoption connaît deux pratique