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Libération

«L'exil casse tout mais permet aussi de se construire»

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publié le 15 décembre 2000 à 8h07

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a fêté son cinquantenaire hier. Il est présent dans 120 pays et procure une assistance à plus de 22 millions de personnes en fuite.

Sa délégation française mène depuis quelques mois un travail de recensement des réfugiés exemplaires qui ont refait leur vie en France. Libération a rencontré trois d'entre eux.

Kalamogan Kandasamy

«Molière est traduit en tamoul»

«90 % des réfugiés tamouls en France sont de faux exilés. Ils sont en France avec leur carte de réfugié mais ils n'attendent qu'une chose, c'est la nationalité française. Je suis ici depuis dix-huit ans, je n'ai jamais demandé la nationalité française. Enfin, je ne me suis pas encore décidé. J'écris depuis mes 15 ans: des poèmes, des nouvelles en langue tamoule. A Colombo, je travaillais comme journaliste. En 1983, tout a basculé avec le déchaînement de tueries. Je suis resté deux semaines caché dans les locaux de mon journal. J'étais au troisième étage, je voyais dans la rue des Tamouls se faire massacrer: les femmes dont on ouvrait le ventre, les hommes à qui on coupait la tête. Puis j'ai pu fuir. Je me suis retrouvé dans un camp de réfugiés près de Colombo avec d'autres Tamouls. J'étais réfugié dans mon propre pays. Alors j'ai choisi de partir. De toute façon, mes parents me croyaient mort. J'ai choisi d'aller en France: ça fait cinquante ans que Molière est traduit en tamoul! Je suis arrivé à Paris en utilisant les filières habituelles, j'ai payé. Le même ré