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Libération

Course contre la prescription.

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Emile Louis ne sera peut-être pas jugé pour meurtre.
publié le 16 décembre 2000 à 8h08

Le ministère de la Justice aurait peut-être intérêt à diligenter rapidement une inspection, avant que l'affaire n'explose, alimentée par la colère des familles. En théorie, le scénario qui tient la corde, c'est celui d'un Emile Louis sortant libre de prison, malgré ses sept meurtres avoués. Pour insupportables qu'ils soient aux yeux des familles, les textes sont clairs. Sur la prescription, le code de procédure pénale est formel: «L'action publique se prescrit après dix années révolues, à compter du jour où le crime a été commis, si, dans cet intervalle, il n'a été fait aucun acte d'instruction ou de poursuite.» Emile Louis ne devrait donc pas pouvoir être jugé pour cette série de meurtres.

Afin de sortir de l'impasse, la justice a eu recours à une sorte d'artifice juridique. En 1997, la chambre d'accusation de Paris permet que l'instruction pour «séquestrations et enlèvements» démarre. Explication: les jeunes filles ont disparu à la fin des années 70. Fugue, enlèvement? Durant près de vingt ans, ces questions sont restées sans réponse. L'on pouvait donc imaginer qu'elles étaient encore vivantes, expédiées dans un circuit de proxénétisme, dissimulées à l'étranger... Selon ce raisonnement, le crime devenait «continu», et pouvait donc être poursuivi. Grâce à cette construction, les gendarmes ont pu traquer Emile Louis. Prenant le relais, le juge d'instruction Benoît Lewandowski a mis en examen l'ancien chauffeur de car pour «séquestrations» et l'a écroué, jeudi soir. Malgré ses