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Libération

Le silence de la direction de l'institution.

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Elle ne s'était pas inquiétée de la disparition des jeunes filles.
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publié le 16 décembre 2000 à 8h08

Victimes d'un homme, mais aussi d'un silence érigé en système, d'un laxisme devenu règle d'or. Entre 1977 et 1979, l'absence des sept jeunes filles n'a guère ému ceux et celles censés les protéger. Toutes ces femmes, âgées de 16 à 29 ans, étaient déficientes mentales. Toutes étaient placées dans des familles d'accueil, sous tutelle de la Ddass, et quatre d'entre elles fréquentaient, chaque jour, l'un des instituts médico-éducatifs (IME) d'Auxerre, et en particulier celui de la Grattery.

Pourtant, au fur et à mesure des disparitions, le responsable de cet institut s'empressait de ne rien faire. Ancien animateur devenu, à la force du poignet, un notable de la ville, Pierre Charrier, secondé par sa femme, Nicole, a eu une bien étrange attitude à l'époque où il dirigeait la Grattery, soit de 1974 à 1983. Ainsi, le 13 janvier 1977, alors que Christine (la première des disparues) n'a pas donné signe de vie depuis un mois, Pierre Charrier écrit à la Ddass: «Sa fugue se poursuivant, je vous serais très reconnaissant de bien vouloir me faire savoir si, et jusqu'à quand, je dois la maintenir sur la liste des élèves fréquentant l'établissement.» La jeune fille, dont le quotient intellectuel est de 51 (donc assez handicapée), n'a même pas 16 ans à l'époque. Mais son cas est ainsi réglé, sans que sa famille d'accueil ni les autorités ne soient alertées.

Rayée de la liste. Autre cas, autre aberration. Le 13 juin 1977, le même Pierre Charrier écrit à l'Assistance publique. Cette fois au suje