En marge du «procès Chabert», 12 hommes d'affaires comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Lyon. Contre un seul d'entre eux, le parquet a requis dix-huit mois de prison ferme, pour abus de biens et corruption passive. Il s'agit de Jean-Claude Chareyre, «professionnel corrompu et homme sans scrupules», selon le procureur. Un drôle de bonhomme, au visage de Bernard Blier. Des sourcils circonflexes, une bouche boudeuse, des joues de trompettiste. Chareyre travaillait comme maître d'oeuvre pour les collectivités publiques.
Lorsqu'il pilotait un chantier, les entrepreneurs contribuaient au train de vie de la famille Chareyre. Au total, 1,6 million de francs de travaux réalisés gratuitement dans son appartement. Des commissions tombaient également sur les comptes de ses sociétés. En échange, Chareyre donnait les informations utiles pour décrocher des marchés, fermait les yeux lorsque des travaux non effectués étaient facturés, ou cherchait avec les entreprises sur quels postes «faire du gras», pour se partager le bénéfice.
Les collectivités lui faisaient confiance, ne vérifiaient pas les travaux. Certaines le retenaient régulièrement pour piloter leurs chantiers. De graves dysfonctionnements ont été observés dans la passation des marchés de plusieurs lycées, mais personne n'a cherché à en savoir beaucoup plus. «Nous n'avons pas été entendus et aucune pièce ne nous a été demandée», relève Adrien-Charles Dana, avocat de la Région. Le mystère a plané sur toute la semaine de