La raison du naufrage de l'Erika est peut-être là: «Au niveau des cloisons de citerne de ballast numéro 2 tribord, à cause des oxydations foisonnantes et des diminutions d'épaisseur inquiétantes», explique Jean-Louis Guibert, auteur du rapport final sur le naufrage du pétrolier, commandé au Bureau Enquêtes-Accidents par le ministère des Transports. Là, ou peut-être ailleurs. Car, entre «l'inertage de la poutre du navire» et «la mauvaise réfection du bordé de pont tranche 1», la présentation technico-maritime du rapport effectuée hier a déconcerté les journalistes.
Rébarbatif. «C'est peut-être un peu difficile de tout résumer comme ça; on m'a prévenu avant que c'était rébarbatif, a coupé Jean-Louis Guibert, après une heure d'explications. Je vais donc recommencer autrement.» Surprise dans la salle. L'expert oublie alors ses douze mètres carrés de cartes marines, les coupes frontales, transversales, latérales du pétrolier et les kilomètres d'annotations au crayon à papier. Et pointe la photo d'un navire tout juste repeint: «Voyez ce cliché, pris au chantier naval de Bijela (Monténégro). C'est l'"Erika", rutilant et flambant neuf.» Etonnement général. «Eh bien, tous les armateurs savent qu'avec une bonne peinture, on donne des allures séduisantes à n'importe quel rafiot, précise-t-il. Ensuite, personne ne s'inquiète vraiment; mais c'est comme pour les tricots: chaque maille soutient la maille voisine, et, au moindre problème, c'est tout le tricot qui file.»
Rafistolage. Sous le v