Remonter la piste d'Emile Louis, qui a avoué la semaine dernière le meurtre de sept jeunes filles handicapées mentales, risque de s'avérer explosif. Et difficile. A cause de l'ancienneté des faits (commis entre 1977 et 1979), et de la chape de plomb qui a, semble-t-il, recouvert la région d'Auxerre jusqu'au milieu des années 90.
«Aucune archive». Quelques-uns, malgré tout, ont tenté de parler. Comme Roger Delautre. «J'ai commencé à me poser des questions en 1989.» Cet homme, aujourd'hui à la retraite, fut le premier à relancer l'affaire des «disparues de l'Yonne». Le premier, de par ses fonctions de l'époque (directeur du centre de Grattery, où étudiaient quatre des sept jeunes filles handicapées mentales), à essayer d'alerter les autorités. En vain. «On m'avait parlé de ces filles. J'ai retrouvé leurs dossiers dans nos archives. Et j'ai appris que, au début des années 80, une enquête de gendarmerie avait eu lieu. Par le biais d'un collègue, j'ai donc prévenu le parquet d'Auxerre. Ça devait être en 1990, ou 1991. Mais on m'a fait savoir que, au palais de justice, aucune archive n'existait.»
A Auxerre, quelqu'un d'autre a rué dans les brancards. Président local de la Mgen (Mutuelle générale de l'Education nationale) et membre du conseil d'administration de l'Apajh (organisme départemental chargé de chapeauter les centres d'accueil pour handicapés), Serge Lange rencontre le préfet de l'Yonne. «A deux reprises. C'était au début des années 90. On a évoqué certains dysfonctionnemen