Georges Fenech, substitut général à Lyon, avait hier le ton d'un homme accablé, persuadé que l'on «veut sa peau», et qu'au fond il est victime d'un «amalgame». L'ancien président de l'APM (Association professionnelle des magistrats) se retrouve pour la troisième fois en deux ans, au centre d'une polémique. Et la dernière en date est fort délicate.
Comptes épluchés. Les juges Philippe Courroye et Isabelle Prevost-Desprez enquêtent sur un homme-clé des ventes d'armes françaises, Pierre Falcone, et sa société Brenco France. Leur information judiciaire est ouverte pour «commerce illicite d'armes, fraude fiscale, abus de confiance et trafic d'influence». Elle démarre sur une perquisition chez un avocat et prend des tournures étranges. En épluchant les comptes et les documents de Brenco, les enquêteurs sont tombés sur des documents qui montrent que Falcone entretenait des relations extrêmement variées des milieux pasquaiens aux mitterrandiens. Ils ont aussi eu la surprise de découvrir qu'il était l'un des généreux financiers de la revue éditée par l'APM, Enjeu justice. Ils ont en effet retrouvé la trace d'un virement de 100 000 francs, effectué en 1997, depuis un compte détenu par Brenco à Genève.
L'étrangeté de ce financement intéresse évidemment les juges. «Je ne connais rien aux affaires de Monsieur Falcone. Notre revue fonctionnait comme toutes les revues avec un système de publicité et un système d'abonnements de soutien, à 2000 francs. Nous avons mené des opérations de lobby