«Il ne se passe pas six mois sans que je sois obligé d'aller ramasser un gamin dans un caniveau», dit Jean-Michel Bourles, avocat général mais aussi chef du parquet des mineurs au tribunal d'Evry. A ce titre, il voit défiler des mineurs délinquants ou victimes, souvent les mêmes qui changent de rôle au gré des événements. Cette fois, c'est l'avocat général qui parle et doit requérir aux assises de l'Essonne contre un jeune accusé d'avoir tué un adolescent de 17 ans, le 9 mars 1998 dans un centre commercial d'Evry, et contre un autre garçon poursuivi pour lui avoir apporté l'arme (Libération d'hier).
Mohammed a apporté le fusil à canon scié à Fousseyni qui a tiré sur Sinan. Les deux premiers vivent aux Pyramides (Evry); la victime vient des Tarterêts (Corbeil-Essonnes). Et, depuis deux jours au tribunal, il n'est question que de ça: la haine gratuite entre cités rivales qui débouche parfois sur des drames. «Sinan à Evry, Abdel à Fontainebleau, Fabrice à Lyon, Romuald à Courcouronnes. Quand est-ce que ce gâchis va s'arrêter?», demande Me Françoise Bidet-Beyeler, avocate de la famille de Sinan. «Des regards menaçants, des bandes rivales qui revendiquent des territoires, des armes en copropriété. Stop!», s'écrie-t-elle.
Turbo. Loin d'exorciser la violence, ce procès a provoqué des incidents mercredi. Le président Yves Jacob a mis le turbo pour que les débats tiennent en deux jours et se terminent hier soir. Aujourd'hui dans le même tribunal, le meurtrier présumé d