Toulouse de notre correspondant
Chériff M'Hamdi se promène beaucoup depuis vingt ans. De son village du Sud tunisien vers diverses villes de France d'abord. De son confort relatif de réfugié reconnu par l'Ofpra jusqu'en 1986 au statut moins avantageux de clandestin sans papiers ensuite. Puis de tribunal en tribunal. Il comparaissait hier soir encore devant la cour d'appel de Toulouse.
M'Hamdi, 46 ans, militant des droits de l'homme en Tunisie et plus anciennement militant du Parti communiste de ce pays, craint qu'un retour forcé chez le président Ben Ali ne lui coûte quelque emprisonnement ou séances de tortures supplémentaires. Il a en effet déjà connu ça au commissariat de Mednine après la révolte de Gafsa en 1980.
Soutiens. Son malheur judiciaire est simplement que les autorités françaises ne veulent pas le croire. Le tribunal a ordonné son placement en rétention le 2 juin. Le 5, le tribunal administratif a prononcé son expulsion. Le tribunal correctionnel le jugeait quatre jours plus tard pour «refus d'embarquer». Chériff M'Hamdi avait préféré ne pas prendre le bateau pour Carthage... Le tribunal correctionnel avait alors paru sensible aux soutiens qu'apportaient aux sans-papiers Mgr Gaillot, le Pr Jacquart, le groupe Zebda ou le cinéaste Robert Guédiguian. Ce jour-là, il a reconnu Chériff M'Hamdi coupable du refus d'embarquer, mais a ajourné sa décision en attendant le résultat d'un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme. Laquelle n'a pas encore statué. Ma