Le palais de justice d'Evry (Essonne) avait retrouvé son calme vendredi. Mercredi, pendant que la cour d'assises jugeait un jeune homme pour le meurtre d'un autre, c'était la bagarre, dans le hall du tribunal, entre les jeunes des Tarterêts à Corbeil (où vivait la victime) et ceux des Pyramides à Evry (où vivait le meurtrier). Et vers 16 heures, vendredi, le président Gillet ouvre le procès par un rappel à l'ordre: «Il est hors de question que se reproduisent les débordements qui ont perturbé les audiences de ces derniers jours.» Il doit juger une nouvelle affaire de violences de cité. La victime, Aurélien, 19 ans, n'est pas là. Il est en prison et sera jugé plus tard, aux assises, dans le même tribunal, cette fois comme accusé, pour le meurtre de Romuald, 14 ans, ce collégien tué d'une décharge de chevrotines à Courcouronnes début novembre. Mais le 23 avril, six mois auparavant, Aurélien a été gravement blessé d'un coup de feu dans le dos, lors d'une fusillade. Il n'a pas voulu se présenter à l'audience de vendredi, et ce sont Louisa, 25 ans, et Nora, 18 ans, qui parlent. Les jeunes femmes témoignent au procès en correctionnelle de leur frère Aissa et de leur beau-frère Nasser, prévenus de violences aggravées sur des jeunes du quartier des Aunettes, dont Aurélien. «On était venus habiter le quartier des Aunettes à Evry pour vivre tranquillement, et maintenant on n'ose même plus retourner à notre appartement», racontent les deux femmes, les yeux rougis mais le regard digne.
Aurélien, des deux côtés du fusil.
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par Marie LEMONNIER
publié le 23 décembre 2000 à 8h26
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