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Libération

«Il ressort que vous êtes décédé en 1941».

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publié le 25 décembre 2000 à 8h28

Toulouse de notre correspondant

A 60 ans, au mois de mai dernier, Sauveur Marolda croyait avoir enfin droit à la retraite. La caisse des agents de collectivités territoriales est vraiment désolée mais ce ne sera pas possible: «... à l'examen de votre dossier, lui écrit-elle, il ressort que vous êtes décédé le 30 mars 1941». Le certificat de vie que lui a tout de suite signé la mairie de Colomiers où il travaille depuis quarante ans n'y a rien fait.

Indépendance. Le rapatrié du Maroc, né de père italien et de mère française, n'avait qu'à pas laisser l'administration de Casablanca s'embrouiller au moment de son départ, aux premiers temps incertains de l'indépendance...

Bébé mort. C'est une fois arrivée à Marseille à l'été 1960 que sa mère, et sa volée de sept gamins, s'est rendu compte de l'erreur: le passeport de son fils, prénommé Sauveur, portait la date de naissance de son frère. Autre Sauveur, lui aussi. Né, celui-là, le 10 mai 1940 et mort trois mois et deux jours avant la naissance, le 1er juillet 1941, du dernier de la famille, qui, en hommage et en mémoire, a été baptisé du même prénom. L'archevêché de Rabat a d'ailleurs pieusement conservé ses registres, où il apparaît que Sauveur Antoine Marolda-Terrier est effectivement né le 1er juillet 1941. Le consulat d'Italie à Casablanca le reconnaissait aussi en établissant un certificat de famille en 1958. Mais le ministère français des Affaires étrangères n'a à sa disposition, concernant sa personne, qu'un certificat de décès