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Libération

«On ne manquera pas un petit Jésus»

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Ce week-end, les obstétriciens en grève ont été réquisitionnés.
publié le 25 décembre 2000 à 8h29

Elle parle à voix basse. Un peu étonnée par les questions. «La grève dans les maternités? Non, c'est infaisable. Rendez-vous compte: refuser une femme en train d'accoucher...» Son chef l'appelle. «Voilà, je dois retourner au travail. J'ai une césarienne entre les mains.» Mais elle glisse un petit mot avant de raccrocher: «C'est le Noël de l'an 2000, on voudrait pas manquer la naissance d'un petit Jésus pour des revendications professionnelles.» En ce dimanche 24 décembre, Marie, panseuse à la maternité privée des Bluets (XIe arrondissement de Paris), parle d'un «jour comme un autre», malgré l'appel à la «grève des accouchements» lancé jeudi par le principal syndicat des gynécologues et obstétriciens (Syngof, 2 800 adhérents sur 6 500 praticiens). Un curieux mot d'ordre pour protester, en vrac, contre «le manque de personnel, la mauvaise organisation des services d'accouchement et le retard dans l'application des textes relatifs à la périnatalité». Sans incidence pour les parturientes au «travail» ce week-end.

Service minimum. «De toute manière, renchérit une sage-femme de l'hôpital Saint-Antoine, une grève en milieu obstétrique, ça ne veut pas dire grand-chose. A la limite, un brassard ou un badge sur une blouse blanche.» A la maternité de l'Hôpital européen d'Aubervilliers (privé), même son de cloche: «On est tous des grévistes au travail, c'est la loi du métier.» Principale raison, l'obligation constitutionnelle de «continuité du service public». Qui devient un service mini