Le 19 mars 2001 s'ouvre à Paris le procès de Guy Georges, présumé tueur en série de l'Est parisien, à qui sept meurtres sont reprochés. Après Anne Gautier, mère d'Hélène Frinking, assassinée en 1995 (Libération d'hier),Philippe Tersand, psychiatre qui a fréquenté «Joe» à Paris, de 1993 à 1998, raconte dans un livre la face publique de Guy Georges et s'interroge sur sa face cachée (1).
Le 26 mars 1998, le Dr Philippe Tersand participe à une manifestation de chômeurs à Paris, lorsqu'une amie le prévient. «On a arrêté le tueur en série de l'Est parisien, ils l'ont dit à la télé que c'était Joe, j'y crois pas.» A la sortie du palais de justice, le psychiatre des hôpitaux se retrouve yeux dans les yeux avec Joe, qui passe, menotté, «le visage tuméfié, ensanglanté: c'était la fin des mensonges». Philippe Tersand médecin libertaire qui a choisi ce pseudonyme en référence à un psychotrope a fréquenté Joe pendant cinq ans. Dans les squats, fêtes, réunions politiques, mouvement antifascistes, manif antiraciste ou pour le droit au logement, il n'a jamais rien remarqué chez lui. Ses amis le lui ont assez reproché: «Comment toi, le psy, tu n'as rien vu, tu ne t'es douté de rien?» Alors le médecin a organisé un débat public pour expliquer l'«indécelable» des serial killers.
Soirées d'ivresse. Sa première rencontre avec Joe remonte à l'hiver 1993 dans le squatdu 60, rue Didot, dans XIVe arrondissement de Paris. Ici, dans cet immeuble avec eau et électricité réquisitionné par Fred l'anarc