Les crues majeures qui touchent actuellement la Bretagne ont été aggravées par les modifications subies par les paysages et les sols bretons depuis plusieurs décennies.
Avec la disparition des talus et des haies au profit de larges champs accessibles au matériel agricole, ce sont autant de retenues d'eau qui ont disparu dans la seconde moitié du XXe siècle. Liés au développement économique, ces aménagements ont été faits «sans penser aux implications sur l'hydrologie», explique Annick Cléac'h, maître de conférences de géographie à l'université de Bretagne occidentale, à Brest.
Pour Michel Riou, animateur de l'association Eau et Rivières en Ille-et-Vilaine, certains agriculteurs, en drainant systématiquement les fonds de vallée, les prairies et les marais pour les transformer en terrains rentables, ont supprimé des «zones tampons» de retenue de l'eau. «Résultat: en hiver, les sols sont lessivés, toute la terre descend dans les cours d'eau, qui se bouchent progressivement. Et l'été venu, nos rivières sont à sec». Autre élément aggravant, selon Annick Cléac'h, le développement de la culture du maïs en Bretagne. En octobre, «après la moisson, les terrains sont laissés à nu, et pendant tout l'automne les eaux s'écoulent vers le fond de la vallée». Dernier facteur, «les travaux de voirie, dans les campagnes et en ville, ont imperméabilisé le sol». L'eau s'écoule sans retenue sur un sol de surfaces dures, «et c'est d'autant plus sensible dans les villes bretonnes, souvent installées