Marseille de notre correspondant
Le 11 août, Mehdi Zougah atterrissait à Tunis au milieu des vacanciers. Ce Marseillais de 31 ans, né en France et père de deux enfants en bas âge, voulait revoir sa famille. Mais le Franco-Tunisien n'en a pas eu le temps : arrêté, tenu au secret pendant douze jours, il apprenait qu'un jugement par défaut prononcé en 1998 par la justice tunisienne le condamnait à douze ans de prison pour appartenance à une «association de malfaiteurs», en l'occurrence le mouvement islamiste Ennahda, interdit en Tunisie. Incarcéré, Mehdi Zougah a fait opposition de ce jugement dont il n'avait jamais entendu parler, et il attend depuis un nouveau procès devant une juridiction criminelle de Tunis.
Reportée une première fois le 25 septembre, l'audience, suivie lundi 8 janvier par une quinzaine d'avocats et d'observateurs étrangers, a encore été renvoyée au 21 février. De retour hier à Marseille, son comité de soutien a fait part de son étonnement : «Le dossier est vide, sans élément matériel, assure l'avocate Me Claudie Hubert, et le jugement par contumace n'y figure même pas !»
Collecte. Selon sa défense, on lui reproche trois faits, prétendument commis en France. «D'avoir adhéré à Ennahda en 1991, d'avoir organisé une réunion à son domicile marseillais avec un des responsables du mouvement en 1992, et d'avoir collecté des fonds pour le compte d'Ennahda en 1994», rapporte Me Monika Villa. Toutes choses que cet homme qui partage son temps en France entre l'animation