Il s'appelle Jean-Bernard Curial. A 61 ans, installé aujourd'hui comme petit éditeur (1) rue Madame à Paris, il a plutôt un parcours de militant politique au Parti socialiste. Pour l'entourage du marchand d'armes de Pierre Falcone, il est l'homme par qui le scandale est arrivé. Celui qui a déclenché la curiosité du fisc sur les marchés d'armement conclus avec l'Angola. Rien n'est moins sûr, et pourtant le voilà devenu le pire ennemi de plusieurs mis en examen. Ancien responsable du PS pour l'Afrique australe, ex-fondateur du mouvement antiapartheid, Curial a joué un rôle crucial, en 1993, dans l'introduction de Falcone en Angola. Il a été le go-between entre le président Dos Santos, Jean-Christophe Mitterrand et l'équipe du marchand d'armes.
En juin 1993, c'est lui que le chef de l'Etat angolais a choisi pour premier messager. «Notre situation militaire est désespérée [...] Il faut que la France nous aide, il faut que Mitterrand nous envoie des armes», lui aurait dit Eduardo Dos Santos, selon des propos rapportés par le Monde daté d'aujourd'hui. Jean-Bernard Curial aurait aussitôt averti, mais sans succès, Bruno Delaye, successeur de Jean-Christophe Mitterrand à la tête de la cellule africaine de l'Elysée. Jean-Bernard Curial s'est alors tourné vers «Papamadit». La rencontre est fortuite, selon lui, mais fructueuse. «Moi, je ne peux pas t'aider, lui aurait répondu le fils de François Mitterrand, mais tu devrais contacter Pierre Falcone. Lui, il pourrait peut-être faire passer