La nouvelle écharde de la cohabitation est rouge comme la couleur de la robe des procureurs généraux. Le gouvernement, ou plutôt Jospin et Lebranchu, s'empoignent avec l'Elysée autour de remplacements fort sensibles. Celui d'Alexandre Benmakhlouf d'abord, le procureur général de Paris, qui a démissionné juste avant Noël. En pleine vague des affaires qui secouent le RPR, il était en effet la cible d'attaques répétées, en raison de sa carrière de conseiller auprès de Jacques Chirac (à Matignon en 1986, à la mairie de Paris en 1989) et de directeur de cabinet de Jacques Toubon quand il était garde des Sceaux. Il a préféré partir, il lui faut un successeur. Mais qui, à une position détenant les clés des affaires les plus importantes ? Le gouvernement a un candidat, c'est Jean-Louis Nadal, le respecté chef de l'Inspection des services judiciaires.
Perfidement, les services du chef de l'Etat ont alors fait remarquer son passage au cabinet de Robert Badinter entre 1983 et 1985. C'est un peu loin, mais enfin, pourquoi ne pas profiter de l'aubaine ? «C'est une question de pure logique, si on nous dit que les gens de cabinet posent problème, il faut essayer de trouver quelqu'un qui n'est pas passé par un cabinet et que l'on ne puisse jamais soupçonner de partialité», dit-on à l'Elysée. Où on affirme ne pas chercher la bagarre. Au contraire. «Nous souhaitons trouver quelqu'un qui remplisse ces fonctions avec la meilleure qualité possible. Il y a 6 000 magistrats en France, on peut bien