La cour des Miracles. L'abandon. Le XIXe siècle. Le Moyen Age. Les références se bousculent pour décrire la situation des urgences de l'hôpital Avicenne, à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Hier, une note de l'agence régionale d'hospitalisation (ARH) d'Ile-de-France destinée à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), rendue publique dans une conférence de presse, confirme que «le projet de mise en conformité des urgences a pris un retard considérable et inadmissible compte tenu de leur état actuel».
Il suffit d'aller voir. Ici règne la confusion. Tout se mélange, patients lourds et cas bénins. Ceux qui arrivent avec le Samu et ceux qui attendent l'ambulance pour partir. Ceux qui mangent, à côté de ceux qui râlent. Côté murs et matériel, c'est la désolation. Les vieux brancards roulent mal, un fauteuil roulant tient avec du sparadrap. Quand il y a trop de monde, le psychiatre consulte dans la salle de bains. La baignoire y est rouillée, les murs cloquent. Dans le vestiaire du personnel, on stocke les draps. L'armoire à bassins propres est pleine de seaux de nettoyage. A l'accueil, les portes coulissantes ne s'ouvrent que d'un côté.
«Perte de chances». Et le travail? Dans la salle de «déchoquage», les brancards se bousculent. Des rideaux de séparation déchirés excluent toute intimité. Les infirmiers se poussent du coude pour prodiguer les soins. Là, un monsieur se plaint. Il attend depuis sept heures. Le Samu transporte une dame de 95 ans qui a un peu de chance: après elle, i