Il a sauvé le Brésil en 1974. Il ne comprenait pas qu'«on laisse crever l'Afrique». Charles Mérieux, l'une des grandes figures de la médecine du XXe siècle, s'est éteint jeudi à l'âge de 94 ans. Août 1974, Charles Mérieux découvre l'ampleur de l'épidémie de méningite qui s'est déclarée au Brésil. Son institut, fondé en 1897 par son père, Marcel, ancien collaborateur de Pasteur, est le seul à détenir la recette de fabrication contre la terrible maladie, une méningite d'origine africaine.
Défi. A six mois du carnaval de Rio, les autorités du Brésil sont inquiètes. Et l'épidémie menace l'Amérique du Sud. Charles Mérieux rentre en France et convainc son fils Alain de relever le défi. Il lui a cédé les rênes de l'institut en 1967 pour créer une fondation de développement de la médecine préventive qui portera le nom de son père. Les Mérieux rappellent les ouvriers en vacances, lancent la construction de nouveaux ateliers et recrutent à tour de bras. Objectif: vacciner toute la population du Brésil. Mars 1975, tout est prêt. Un pont aérien est organisé entre Lyon et São Paulo, sous le regard des Américains inquiets de voir les «Frenchies» débarquer sur leurs plates-bandes. En cinq jours, dix millions de personnes reçoivent le vaccin. Neuf mois plus tard, la population brésilienne est vaccinée. Le Premier ministre brésilien l'accueille en avril 1975 à sa descente d'avion: «Je suis vraiment heureux de recevoir les vaccins, mais je serais encore plus heureux si j'avais l'argent pour le