L'arme est là, sur la table devant la présidente. Une vieille 22 long rifle datant de 1971, usée, la crosse délavée, ayant passé de main en main, achetée, rachetée, arrivant un jour d'octobre 1995 dans le placard de la chambre à coucher des quatre garçons Challouf, fils d'une famille «soudée» d'immigrés tunisiens, habitant au Val-Fourré. Ce 27 octobre-là, l'un des fils, Lasaad Challouf, seul dans la chambre où il était allé se changer, dit avoir découvert l'arme dans le placard aux vêtements. Une «curiosité de gosse» le pousse, dira son avocat, Me Liger. Il enclenche une cartouche, s'allonge, pose sur le rebord du balcon cette carabine munie d'une lunette de visée et d'un silencieux, regarde dans le viseur. A-t-il tiré volontairement ou accidentellement sur un policier, Lionel Pereira Garcia «un fils d'émigrés qui a grandi dans une cité», comme le présentera son avocat, Me Billon , qui effectuait un contrôle à 175 mètres de là, au carrefour de l'avenue Albert- Camus et de la rue James-Cook?
Regrets et excuses. «Mon intime conviction, c'est que monsieur Challouf m'a tiré volontairement dessus», dit le policier, physiquement sorti d'affaire (on ne voit plus de trace de la balle qui lui est entrée par la joue, fracassant quatre dents avant de se finir sa course dans le cou), mais psychologiquement durablement atteint comme il le dira et le certifieront les experts. «Il n'y avait rien de délibéré, c'était un accident», répond Lasaad Challouf, ressassant regrets et excuses comm