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Libération

Femme de convoyeur, femme de braqueur, même douleur.

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Procès des auteurs présumés du hold-up de 1997.
publié le 23 janvier 2001 à 22h05

Ce sont des voix de femmes qui ont traversé hier la cour d'assises de Paris. Celles des veuves des deux convoyeurs de la société ACDS tués le 3 octobre 1997 dans les entrepôts du Sernam, près de la Porte de la Chapelle (XVIIIe arrondissement). Celles des compagnes et ex-compagnes des trois auteurs présumés de ce braquage meurtrier.

Deux fois veuve. Mathilda Sache s'avance à la barre, les mains derrière le dos. Sa voix est cassée par une infinie tristesse. Déjà veuve une première fois à 25 ans, avec deux enfants et le devoir de «toujours se débrouiller de façon à s'en sortir». Elle rencontre Daniel, caporal dans la Légion. Pour rester auprès d'elle, il change de vie. Au passage, Mathilda rappelle que l'on devient rarement con voyeur par vocation. Daniel Sache est rentré chez ACDS parce qu'il n'a pas trouvé d'autre travail. En 1986, Mathilda et Daniel se marient; ils ont un bébé. François, 14 ans, est sur le banc des parties civiles. Un homme a posé sa main sur son épaule. A la barre, sa mère pleure doucement en murmurant: «Notre amour était très fort.» Elle raconte que, peu avant sa mort, Daniel lui avait confié qu'il voulait changer de métier.

Hier, il y a eu les larmes mais aussi les mots qui ne pouvaient venir. Marie-Louise Penarrocha s'avance devant la cour. Figée devant le président qui l'invite à évoquer son époux accusé d'assassinat et de vol à main armée. C'est une femme tétanisée. Parfois, elle a une phrase égarée ­ «Pour moi, c'était un mec super» ­ avant de retomber