La République se mérite. Quand la fonctionnaire de la préfecture de police de Paris demande à Naza pourquoi elle veut devenir française, la jeune réfugiée iranienne répond ingénument. Elle a en tête «ses galères» avec son passeport de réfugiée, ses heures d'attente dans les ambassades pour obtenir un visa, les regards suspicieux: «administrativement, c'est plus simple». En face d'elle, le stylo reste suspendu: «Vous n'avez pas une autre réponse?» «Et là, ça a été le déclic, raconte-t-elle, j'ai répondu: "Voltaire, Rousseau, droits de l'homme, démocratie..."»
La naturalisation est, en principe, le couronnement des efforts d'intégration de «l'apprenti français». Un aboutissement que les pouvoirs publics ont voulu mettre en scène. «Avant, cela se passait au guichet. C'était indigne de l'importance du geste et du moment», raconte un fonctionnaire de la DPM, la Direction des populations et des migrations. En 1998, 9 naturalisés sur 10 ont ainsi bénéficié d'une «manifestation explicite d'accueil». L'occasion de «faire un effort symbolique». D'organiser un adoubement républicain.
Enthousiasme marginal. A Bobigny, c'est le mardi que la République reçoit. La préfecture de Seine-Saint-Denis remet chaque semaine leur décret de naturalisation à des dizaines d'étrangers. Habitués aux guichets et aux files d'attente, ils sont cette fois des invités. Ils prennent place sur des chaises confortables, dans le salon d'honneur, face à une Marianne flanquée des drapeaux français et européen. Ce ma