La voix est faible, parfois inaudible. Jean-Marc Rouillan a été enregistré par téléphone depuis la prison de Saint-Maur, il en est alors à son trentième jour de grève de la faim: «Peut-être l'âge aidant, c'est beaucoup plus difficile que les grèves précédentes», souffle la voix. On lui demande s'il est suivi médicalement: «Ce n'est pas le problème, quand tu fais une grève de la faim, tu vas pas demander qu'on te soigne.» Rouillan, 48 ans, militant d'Action directe, est détenu à perpétuité assortie d'une période de sûreté de dix-huit ans. Condamné avec Aubron, Cipriani et Ménigon pour les assassinats, commis au nom de la «lutte anti-impérialiste», du général Audran et de Georges Besse, le patron de Renault, en 1985 et 1986. Aujourd'hui, Rouillan entamera son quarante-deuxième jour de grève de la faim, période critique où se déclenchent des atteintes irréversibles. Il est, depuis le 18 janvier, à l'hôpital des prisons de Fresnes.
Isolement. Il raconte: «Depuis plusieurs mois, avec d'autres détenus de la centrale de Lannemezan, nous avions entamé un mouvement de lutte sur la question des longues peines et le statut des prisonniers politiques; fin novembre, pendant trois jours, nous avons occupé la cour de promenade. Nous n'avions même pas de revendications révolutionnaires, juste l'application des textes sur les confusions de peines, les permissions de sortie. Il y a trop de détenus condamnés à quarante-cinq, cinquante ans.» Comme le veut une pratique de la pénitentiaire, il a a