Montbéliard (Doubs)
envoyée spéciale
Que des directeurs de magasins recommandent verbalement à leurs vendeurs de se méfier des étrangers se produit parfois, qu'ils l'écrivent noir sur blanc est plus rare. C'est pourtant ce qu'a fait Raymond Jeunot, directeur du magasin Connexion d'Exincourt dans le Doubs. Et c'est ce qui lui a valu de se retrouver hier devant le tribunal de police de Montbéliard pour «provocation non publique à la discrimination en raison de l'origine, l'ethnie, la race ou la religion».
«En éveil». Dans une note sur les paiements par chèque envoyée à ses salariés en même temps que le bulletin de salaire de juillet 2000, Raymond Jeunot recommandait en effet à son personnel, «et principalement les vendeurs», de «faire très attention lorsque le client est domicilié hors d'un certain périmètre, hors de Franche-Comté par exemple». Et d'être «encore plus en éveil vis-à-vis des étrangers ou gens de couleur» car «ceux-ci sont encore mieux organisés pour nous rouler (certains bien sûr)».
Clairement visé. Lorsque Matthieu Faisans, le compagnon de Sarah Torregrossa, elle-même employée de Raymond Jeunot, est tombé sur la note, il a été ulcéré. «J'ai trop souffert de ça, je ne pouvais pas laisser passer», racontait-il hier à l'audience. Vu la couleur de sa peau, le jeune homme, né en Guadeloupe, s'est senti clairement visé. «Ça veut dire que si moi j'arrive chez Connexion, les gens vont se mettre en garde», a-t-il expliqué au juge.
Début août, Matthieu Faisans dépose donc pla