Un vol pour Bamako, des hurlements, une Police de l'air et des frontières énervée et des militants du Collectif anti-expulsions déférés... Treize d'entre eux étaient convoqués hier devant le tribunal de police d'Aulnay-sous-Bois, pour avoir «distribué des tracts dans l'enceinte aéroportuaire». C'est bien une infraction (de classe 3), et elle est punie d'une amende de 1 000 à 3 000 francs.
Journaliste. «Moi, je ne suis pas membre du collectif», explique Yvon Duroy à la présidente du tribunal. Il est journaliste à Témoignage chrétien, mais il comparaît lui aussi. En ce début de l'an 2000, il enquête sur les mouvements de sans-papiers: «Les gens du collectif m'ap pelaient quand ils préparaient une opération.» Et, à 10 heures, ce 22 janvier, ils lui fixent rendez-vous au terminal 2A de l'aéroport de Roissy, où les passagers du vol pour Bamako enregistrent leurs bagages. «Une quarantaine de militants étaient là pour discuter avec eux», se souvient-il.
«On n'a pas distribué de tracts, on a parlé avec les gens, pour les sensibiliser aux expulsions arbitraires, c'est encore pire, madame la présidente!», lance Valentiane à la cour. Elle figure parmi les prévenus. «La police était là, comme d'habitude, sans rien dire, continue Yvon Duroy. Mais, tout d'un coup, on entend des hurlements terribles, de l'autre côté de la zone de douanes.» Une mezzanine surplombe le transit. Elle permet de faire un dernier coucou aux proches qui s'envolent vers l'étranger et de voir ce qui se passe dans la z