Menu
Libération

Policiers et CRS se renvoient la bavure.

Article réservé aux abonnés
Hier, ils se sont mutuellement accusés des coups portés à Aïssa en 1991.
publié le 31 janvier 2001 à 22h18

Les hommes défilent à la barre, les uns après les autres. Ils sont policiers, fonctionnaires, chargés du maintien de l'ordre, «de la même maison», dira l'un. Ils sont six. Trois membres de la brigade urbaine de Mantes-la-Jolie (Yvelines) et trois mem bres de la compagnie répu blicaine de sécurité n° 8. Les «urbains» mentent, et mentent délibérément pour accuser les CRS. A moins que ce ne soit l'inverse. Que les CRS ­ témoins qui jurent, main levée, de dire «la vérité, rien que la vérité» ­ ne se soient mis d'accord pour attribuer aux brigadiers de Mantes leurs propres forfaits.

«Indignité». Le président de la 6e chambre correctionnelle du tribunal de Versailles, Claude Palpacuer, en est médusé: «C'est extrêmement grave de porter une telle accusation contre des fonctionnaires.» Le magistrat reprend son souffle: «Surtout pour se disculper de ses fautes...» Long silence, il pèse ses mots: «C'est de la dernière indignité, ce genre de chose.»

Qui, de ces urbains ou des CRS, a tabassé Aïssa Ihich? C'était un garçon frêle (1,66 m, 45 kg), à la santé fragile. Il avait 18 ans quand, à terre et menotté, il a été roué de coups de bâton et de matraque, avant d'être traîné sous les coups de pied jusqu'à une cellule du commissariat de Mantes, où il est mort trente-six heures plus tard, d'une crise d'asthme aiguë. C'était le 27 mai 1991. Michel Pérol, le médecin qui avait trouvé son état de santé compatible avec la garde à vue, comparaît depuis hier pour «homicide involontaire» par «négligen