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Libération

«Ce n'est pas vous l'héritière, c'est votre belle-soeur»

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Les couples sans enfant sont les plus pénalisés par l'actuel code civil.
publié le 5 février 2001 à 22h35

Les enfants expulsent rarement leur mère après la mort de papa. D'abord parce que 80 % des ménages ont assuré leurs arrières, ensuite par piété filiale, enfin en raison de l'obligation alimentaire: les enfants sont tenus d'aider leurs parents dans le besoin, et leur laisser la jouissance du logement parental coûte moins cher que de payer la maison de retraite. Les après-funérailles sont moins conviviales lorsque le mort laisse une belle-mère à ses grands enfants et qu'ils sont obligés de se partager une maison, les uns en tant que «nus-propriétaires», l'autre en tant qu'usufruitière.

«Deuxième choc». Ce sont les couples sans enfant qui se retrouvent le plus injustement pénalisés par l'actuel code civil. «Mon mari est mort subitement à 49 ans, raconte Yvonne Pasquereau. Nous n'avions pris aucune disposition chez le notaire. Il disait: "On n'est pas pressés." On avait acheté un petit appartement, nous avions deux voitures et un livret d'épargne. Quand j'ai voulu vendre une des voitures, le notaire m'a dit: "Mais ce n'est pas vous l'héritière, c'est votre belle-soeur." Ça a été le deuxième choc.» Yvonne Pasquereau a dû racheter à la soeur de son mari et à ses neveux la moitié de son appartement. «Ils ne m'ont pas mis le couteau sous la gorge, j'ai payé par traites. Mais, sans entente entre nous, j'aurais dû vendre l'appartement, alors qu'on avait travaillé dur pendant trente ans tous les deux pour se constituer un petit bien-être.»

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