Il n'en voulait plus depuis six mois et suppliait les chirurgiens de la lui reprendre. Vendredi soir à Londres, sa demande a été exaucée: Clint Hallam, premier greffé avec la main d'un autre, s'est fait amputer dans un hôpital privé de Londres. L'intervention a été réalisée par le Dr Nadey Hakim, l'un des chirurgiens mêmes qui avaient participé, il y a deux ans et demi à Lyon, à cette première mondiale de transplantation coordonnée par le Pr Jean-Michel Dubernard.
Ultime manipulation de l'auguste patient néo-zélandais, qui, depuis la greffe, n'a cessé de jouer avec les médecins et les médias, ou intervention inéluctable pour des raisons médicales? Sur la nécessité de l'amputation à ce stade, les spécialistes sont en tout cas au diapason. «L'état du membre n'était pas bon: il avait arrêté les médicaments (antirejets) il y a soixante jours et sa vie était en danger, menacée à terme par une septicémie», s'est justifié le chirurgien. De fait, a expliqué à Libération le Pr Michel Merle (de l'Institut européen de la main, à Nancy), l'un des pionniers de la chirurgie de la main, «tout arrêt des immunosuppresseurs impose une amputation car, à terme, le rejet de greffe devient très toxique pour l'organisme. En l'absence de traitement, les cellules de défense de l'organisme commencent à "attaquer" le greffon. Dans un premier temps, le rejet chronique se manifeste au niveau de la peau, car cet organe est très immunogène (riche en cellules de défense, ndlr), et l'organe greffé devient de