Juste après le journal télévisé. Les caméras étaient parties depuis longtemps lorsque la police a expulsé, hier soir vers 21 heures, une centaine de sans-papiers qui occupaient, depuis le matin même, l'église Saint-Bernard-de-la-Chapelle à Paris (XVIIIe). Pour les manifestants, c'était un retour aux sources. Cinq ans auparavant, des Maliens avaient occupé trois mois durant le même bâtiment ecclésial. Avant d'être expulsés à coup de merlin (hache) et de matraques, par la police de Jean-Louis Debré, alors ministre de l'Intérieur. Cette fois, c'est Daniel Vaillant le «premier flic de France». Et aussi le maire (PS) du XVIIIe arrondissement. Les militants de la «coordination nationale» ne cachaient pas qu'à quelques semaines des municipales, ils voulaient «réussir un coup». Raté. Le ministre et ses policiers ne leur ont pas laissé le temps de s'installer.
En fait, le «coup» était mal parti. D'abord parce que les sans-papiers ont décidé de rester coûte que coûte, malgré l'opposition de la plupart de leurs soutiens (Les Verts, Léon Schwartzenberg). Ensuite, parce que les paroissiens eux-mêmes ne voulaient pas de cette occupation.
Interrogatoires. Le curé, Marcel Rineau, leur a dit et répété tout au long de l'après-midi: «Nous soutenons votre lutte. Nous n'avons pas les moyens de vous accueillir. Nous ne le pouvons pas, nous ne le voulons pas.» Quinze jours plus tôt, les membres du «troisième collectif» de sans-papiers (essentiellement des Asiatiques) étaient intervenus au cours de l